24.04.2021

Incapable

Incapable… C’est ce mot qui raisonne dans ma tête, bien contre mon gré depuis quelques semaines maintenant.

Je crois que la patience et la résilience ont eu raison de moi ces derniers temps.

Je crois que le challenge pour moi maintenant, avec cette étape de la pandémie qui s’inscrit maintenant dans le temps long, c’est d’accepter que je ne peux rien maîtriser, même avec toute la bonne volonté du monde, les petites et les moins petites choses de la vie.

Hier une de mes meilleures amies m’a incité à écouter un podcast d’Emotions,( le podcast dont j’ai déjà parlé plusieurs fois ici qui s’intitulait « cette maladie pour la vie, peut-on l'accepter ? ». Sujet qui la concerne un peu aussi.

Alors vous ne comprendrez pas tous pourquoi ça me concerne, parce que je n’en ai pas encore parlé ici, mais pourtant c’est bien une des raisons qui m’a poussé à commencer à écrire ici.

Bref, je suis atteinte d’endométriose, depuis mes 13 ans environ. (Le texte est en chantier mais je n’ai pas encore trouvé la force de le terminer) Mais ce n’est pas vraiment le sujet ici.

Dans ce podcast, les deux protagonistes parlent de l’injonction à la résilience et ça m’a beaucoup parlé. Vraiment.

En ce moment je me sens incapable de pleins de choses. Et j’ai pas envie qu’on vienne me dire que je suis pas assez solide, que certains ont peur que je m’effondre etc. C’est ok pour moi, qu’en ce moment particulièrement, je ressente du vide, de l’injustice, de la lassitude, une certaine forme de tristesse. Je suis consciente de tout ce que je traverse.

En ce moment je me sens incapable face à ma situation financière nettement impactée depuis un an par la crise, et qui en réalité n’a jamais été très bonne depuis ma sortie d’étude, et ça souvent, c’est compliqué de me le dire à 32 ans.

Je me sens incapable, parce que depuis 1 an je réfléchis à adopter un petit chat, que j’ai lu, que j’ai appelé, que j’ai discuté. Et que les assos, la SPA, et d’autres jugent que mon appart est trop petit pour un bébé chat. J’ai l’impression d’avoir raté un entretien d’embauche parce que j’avais pas le bon diplôme (sentiment ô combien familier).

Je me sens incapable, parce que j’ai découvert de grosses anomalies sur ma facture d’eau, et je vais devoir payer quasiment l’équivalent de 2 ans de factures supplémentaires, alors que je n’ai constaté aucun problème jusqu’à maintenant.

Je me sens incapable, parce que ma thérapeute ne peut plus pour le moment s’occuper de moi.

Je me sens incapable parce que des fois ces derniers temps je me sens coupée de mes émotions, et c’est un peu comme si je devenais sourde.

Je me sens incapable parce que sur mon petit bullet journal, je me suis mis un « move it challenge » (bouger une fois par jour) et que je suis loin de trouver cette énergie tous les jours.

Je me sens incapable de tant de choses encore.

Je pense qu’il est temps de se dire que c’est comme ça que je me sens en ce moment.

Ça ne veut rien dire de moi.

Enfin peut être juste que je me sens comme beaucoup d’autres en ce moment.

Et que ça reste violent d’exiger la résilience des autres alors qu’on a besoin de vivre ce moment pour nous. Ça n’a rien de faible, ça n’a rien de fragile.

Je suis pas du tout inquiète de ça.

Je vais rebondir.

Mais à mon rythme.

Comme vous.

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